2. personality
Il y a des évènements de la vie qui vous forgent un caractère. Avec des parents comme les miens, aucun enfant ne devient turbulent. Je crois que les parents nous mettent au monde pour manger notre âme. Nous modeler, faire de nous des poupées bien sages. Ils nous enferment dans une cage qu'ils appellent foyer. Cette prison a fait de moi quelqu'un de trop discret. J'ai toujours du mal à aller vers les gens, je ne sais jamais vraiment quoi leur dire... Je suis le genre de fille que l'on dirait "coincée". Chez moi, tous les sujets ont toujours été tabous. Parler de soi était la pire chose à faire, il fallait se contenir soit-même. Le sujet le plus abordé était probablement le temps, s'il n'était pas le seul. Il y a bien des moyens de détruire un gosse, le plus sûr est de lui interdire d'aimer et d'être aimé. J'étais une gamine détruite avant que je décide d'allumer ledit foyer.
Se reconstruire à l'adolescence est quelque chose d'assez compliqué. J'ai les traces de ces épreuves qui m'ont menée à être celle que je suis. La destruction de ma cage m'a donné ce côté froid et distant qui perturbe certains. Ce n'est pas vraiment volontaire, c'est juste que je ne suis pas du genre à m'investir comme une folle pour les autres et que je ne sais toujours pas ouvrir mon cœur au premier venu. Certains trouvent ça dommage, je trouve ça bienvenu. Cela fait de moi quelqu'un qui sait écouter puisque je n'aime pas parler. Et l'on pourrait croire que je ne suis bonne qu'à me taire et à me morfondre. Cela ne serait pas loin de la vérité, mais j'ai aussi eu la chance de rencontrer la personne qui m'a permis de vivre et d'exister.
J'ai trouvé en fuyant de ma cage un tout nouveau genre de relation. J'ai trouvé ce qui m'avait toujours manqué : de l'attention. J'ai découvert quelqu'un à qui faire confiance et en qui croire. J'ai pu alors avoir un but dans ma vie : me battre pour son bonheur, lui être loyale jusqu'à la fin des temps. Mais ce n'est pas parce que j'ai découvert une personne à qui j'ai pu ouvrir mon cœur que j'ai changé du tout au tout. Les autres sont des étrangers auxquels mon cerveau ne voit aucun intérêt et auxquels mon cœur refuse l'entrée. Toujours aussi solitaire, il me semble que mon crime, avec le temps, me ronge plus que je ne l'aurais cru. Je n'imaginais pas le futur à l'époque, je n'imaginais pas qu'avec le temps, on pardonne les pires horreurs. Le regret me ronge, le remord d'avoir tout détruit au lieu d'essayer de tout sauver. Ne valais-je donc pas mieux qu'eux? L'excuse du "j'étais jeune", me parait à chaque fois plus hypocrite. Il faudrait que je relève la tête, mais je n'ai aucun espoir de me racheter. J'ai été trop loin pour revenir et m'excuser.
Dépressive? Pas pour autant. Je crois que j'ai toujours été faite pour Gyokuseki. L'incendie de l'appartement de mes parents le prouve. Je me suis laissée bouffer jusqu'à ce qu'il y ai, sans mauvais jeu de mots, un retour de flamme. Je peux absorber les chocs, à croire que j'ai été conçue dans un matériau révolutionnaire... Mais la puissance de ma haine risque de vous subjuguer. Si la haine que j'avais à l'égard de mes parents s'est éteinte, c'est à cause du temps, c'est parce que les mesures radicales que j'ai prises m'ont aidé à pardonner. J'essaie aujourd'hui d'éviter d'atteindre de tels sommets, j'esquive ceux qui m'ennuient afin de ne pas les haïr, afin de ne pas désirer les détruire. Parce que j'ai appris à intérioriser cette violence et à me maîtriser. Parce que si je me laissait aller, cela risquerait de faire du tort à Jae Hyun.
En bref, mes principaux traits de caractères sont
Discrète, Intelligente, Réservée, Loyale et Calme. Sans vouloir me vanter, je pourrais presque être un Ninja.
Quant à mes goûts, je dirais que j'aime avoir la paix, savourer mon café brulant le matin, profiter de la présence de Kim Jae Hyun et envoyer paître avec tact ceux qui me volent mes petits moments d'intimité. Par contre, j'ai horreur de penser à mon passé, de manger malencontreusement un bonbon au réglisse, de ne serait-ce qu'imaginer subir la présence de Katsura Masayuki et de devoir faire semblant de m'intéresser à certaines personnes pour remplir mon rôle d'informatrice des Akai.
3. history
Trêve de futilités ! Parlons un peu famille. Mais peut-on en dire beaucoup? Je résumerais cela à "j'avais des parents". Si tant est que l'on puisse les qualifier ainsi. Ils ne sont plus. Ma famille, c'est Jae Hyun, ce sont les Akai.
Concernant mon parcours, c'est une longue histoire, j'espère que vous êtes bien accroché... Ça avait commencé comme chez tout un chacun. Un monsieur, une madame, et le bébé qui sort. Un bébé désiré, rêvé, pour lequel tout était prévu. Une petite fille à laquelle on promettait toute l'affection du monde. Le problème? Rien de bien énorme. Juste que monsieur et madame Park se sont rendu compte que non, un bébé ce n'est pas une poupée. Les cris de leur gamin toutes les nuits pour être nourri ont de toute évidence brisé quelque chose dans leur amour sans faille et la petite Yu Jin que j'étais est devenu un parasite. On m'a souvent dit que je faisais erreur, qu'ils m'avaient sûrement toujours aimée... Mais les gens qui ont connu l'affection parental ne peuvent pas savoir ce que c'est de ne pas la connaître. Enfin, la question n'est pas de savoir qui sont les mieux lotis, tout le monde le sait. Le fait est que je suis née dans un environnement assez étrange et peu propice au développement sain d'un gamin.
Mon enfance fut donc... étrange. Une gamine froide et triste, ça n'attire pas les foules. On m'avait toujours appris à être calme, je l'étais donc. Plus que de raison. Je crois même que ça faisait flipper mes profs. En début d'année, ils croyaient toujours que je mijotais un sale coup, et ne voyant rien venir, ils en concluaient que j'étais juste une psychopathe en puissance. Je suppose. Mais qu'ils fassent attention à moi ou pas, ils devaient bien admettre que j'étais probablement toujours la meilleur de la classe. Sauf en sport. Pourquoi d'aussi bons résultat me direz-vous? Tout d'abord parce que j'étais plutôt maline et puis que je cherchais l'approbation parentale par tous les moyens. De toute évidence, de bonnes notes n'achètent pas un amour et n'effacent pas le dédain ni le dégout. Dommage.
Puis j'ai changé de pays. Pour certains gosses, changer de ville au milieu de leur scolarité est un évènement perturbant, ils perdent leurs repères, leurs amis... Je n'avais ni l'un, ni l'autre. J'étais heureuse de partir, puisque c'était ce que mes parents voulaient. Pour quelle raison était-ce arrivé? Mon père avait un nouveau travail il me semble, mais ce n'est pas vraiment utile de le noter. Le fait est qu'ils avaient décidé de partir, et que j'approuvais avec joie toutes leurs décisions. Je leur démontrais un amour et une dévotion inconditionnels dans l'espoir stupide qu'il se rendraient compte que j'existe.
Ensuite vient le collège. On découvre qu'on est quelqu'un, l'adolescence. On découvre son corps et les premières "histoires d'amour". On se fait croire que l'on s'aime. Mais même à l'époque, j'étais hors de ces jeux d'adolescents. Je croyais ainsi que je n'avais pas le droit à la moindre miette d'affection. Pourquoi? J'étais trop bizarre sûrement. Je crois que j'aurais pu être au bord du suicide si je n'avais pas été moi. Le fait est que l'adolescence nous permet également de relativiser nos parents. Le piédestal sur lequel on les a mis s'effrite, ils trébuchent et redeviennent des êtres humains. Parfois, ils descendent même à un niveau inférieur. S'ils ne m'avaient jamais aimée et que je me prenais parfois des coups au hasard de leurs sautes d'humeur, il me semble que me voir devenir adolescente accentua leur mépris à mon égard. Puisque je ne pouvais me faire aimer, j'espérais alors qu'ils me détestent. J'étais imbuvable, je fumais des paquets par centaines, je fuguais, je volais, quelques conneries bien placées en somme. Mais cela ne semblait pas les faire réagir. Ils me frappaient, certes, mais pas de désespoir. Comme si le fait que leur fille devenant une petite racaille était quelque chose de normal. Comme si j'avais toujours été une pomme pourrie.
Mes notes oscillaient. Bonnes, mauvaise. Je ne savais plus quoi faire pour essayer d'être quelqu'un. J'étais seul à la maison, j'étais seule à l'école. J'étais marginale quoi que je fasse. Ils avaient fait de moi un être anormal, incapable de se mixer avec les autres. Et pour cela, je commençais doucement à les haïr. Mais si la colère m'emportait, il n'en était pas moins que je voulais qu'ils admettent le gâchis qu'ils avaient fait de moi. Ils étaient responsable de tout cela. Certes, j'étais surement une enfant plus fragile que d'autres, mais un peu d'amour ou au moins d'attention m'aurait permis d'éviter de tomber si bas.
C'est un soir où mon père, se rendant surement compte que je devenais une femme, me qualifia de "trainée" alors qu'il m'avait balancée sur mon lit après m'avoir rouée de coup que je me sentit prise d'une peur incontrôlable. Un pressentiment? Je ne sais pas, il n'a pas eu le temps. Peut-être était-ce juste de la paranoïa... Mais si ce monstre réalisait que j'étais une femme, il abuserait de moi. J'en étais sûr. Encore une fois, on m'a dit que j'avais tort, qu'il était mon père et ne pouvait pas faire ça. Que ma mère l'en empêcherait en tout cas. Mais ce porc ne s'était jamais laissé freiné par ma mère quand il avait commencé à me frapper, et c'était aujourd'hui une habitude pour chacun d'entre eux. Elle avait découvert à son tour le plaisir d'avoir un sac d'os sur qui passer ses nerfs. Et tromper ma mère n'était pas pour mon père un grand sacrifice. Il osait même ramener ses conquêtes dans le lit conjugal.
Tout de suite, vous imaginez la famille pauvre, vivant dans la crasse... Je vous vois venir avec vos préjugés. Non, nous n'étions pas pauvres, nous étions même des gens plutôt aisés. En tout cas, mes parents, je n'avais pas vraiment d'argent de poche. Nous avions alors un appartement luxueux dans Tokyo, et vous constaterez que ce n'est pas quelque chose qu'une famille moyenne peut se permettre. Non, mes parents étaient bel et bien riches. Riches et radins. Cependant, je n'eus guère de problème à siphonner le réservoir de la voiture de luxe de ce cher papa. En étant une délinquante, on apprend deux ou trois astuces utiles. La façon dont je mis le feu à l'appartement ne vous passionnera pas, je vous épargne quelques détails. J'avais fait en sorte de les coincer en pleine nuit. Mettre le feu suffisamment loin de la chambre pour qu'ils ne soient réveillés par la fumée que tard, lorsqu'il serait impossible de s'enfuir. Ma fuite? Je ne l'avais pas prévu. Oubli ou acte délibéré, je ne sais plus vraiment. Je n'avais pas songé à la suite, juste à les tuer, eux. Moi, je n'importais que peu. Personne ne me regretterait, et je n'avais pas vraiment d'endroit où me réfugier si je m'en sortais. Alors il s'agissait juste d'enflammer ce foyer trop peu aimant et de le regarder partir en fumée.
Ce moment n'appartient qu'à moi, vous n'en saurez pas plus. Quand un gamin de 16 ans est venu me chercher, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il se passait. Les anges avaient donc 16ans? C'était un peu tôt pour les recruter tout de même, l'exploitation des mineurs devait plutôt correspondre à l'enfer, non? Enfin, vu la façon dont je partais, j'étais de toute évidence destinée à l'enfer. C'était en tout cas ce que je croyais. En fait, j'étais plutôt destinée à vivre. Et avant tout à rencontrer Jae Hyun. Ce garçon fut une révélation. Mi-ange gardien, mi-super héros. Je l'idéalisais pendant toute la soirée, ne réalisant pas vraiment que je venais de survivre à la pire connerie de ma vie. J'y survécu et ce, sans aucun soucis. Je ne comprends toujours pas pourquoi je n'ai pas été poursuivie. Le fait que j'ai failli y rester a peut-être levé tous les soupçons à mon égard? Ce serait étrange tout de même... Enfin, je reçu un coquet héritage assorti de tous les regrets et tous les remords du monde. Être parricide et matricide est quelque chose d'assez... troublant. Quelque chose qu'on ne présente pas au premier abord. Outre Jae Hyun a qui j'ai fini par avouer les circonstances de l'incendie, personne ne le sait. Et personne ne le saura jamais, à moins qu'il n'aille tout raconter à quelqu'un.
La vie après ça est devenue bizarrement simple. Je me suis calmée. Si Jae Hyun était un petit délinquant, je n'avais pour ma part plus vraiment de raison de l'être. Je retrouvais des notes excellentes en cours et reprenait un peu de poids. Je me mettais au sport, parce que j'avais besoin de me défouler pour oublier mes remords. J'avais l'impression de redevenir quelqu'un. Bien sûr, je ne me transformais pas en une nana sociable ou avenante. J'étais toujours la même aux yeux de tout un chacun. Après tout, on ne peut pas vraiment aller contre sa nature. Et je m'étais construite comme ça, je ne pouvais pas me détruire. Taciturne, rongée de remord, certes, mais vivante. Et ça me semblait alors être la seule chose qui pouvait compter. Parce qu'étant vivante, je pouvais rester aux côtés de Jae Hyun.
J'ai donc intégré l'université de 玉石 Gyokuseki car Jae Hyun y allait. Bête comme chou, hein, mais que voulez-vous, il est le seul repère de ma vie, je n'allais pas le laisser m'échapper... Je préférais l'époque où les Shikei ne faisaient qu'un. Parce que je pouvais adorer Jae Hyun tout en profitant en secret de mon béguin pour Suh Dong Wook. Aujourd'hui, j'ai du choisir un clan, ce qui n'a pas été bien difficile. Je ne trahirais jamais Jae Hyun, il est comme une partie de moi dont je ne peux me défaire et à laquelle je tiens plus que tout. Mais que puis-je faire contre mes sentiments? Comme disait l'autre, "le cœur a ses raisons que la raison ignore"... Et il avait raison. Mon amour pour Dong Wook est à mes yeux une traîtrise que je ne peux me pardonner et si je pouvais maîtriser ce cœur bien idiot, j'aurais depuis bien longtemps éteint cette étincelle d'amour stupide. Bref, croyez-moi, cette guerre des clans est bien la pire chose qui ne me soit jamais arrivée.
Mon rôle dans cette guerre est heureusement assez limité. Je ne participe pas aux rixes et autres petits échanges stupides dans le but de prouver qu'un clan est meilleur que l'autre. Vu mon caractère calme et mes notes excellents, on m'a trouvé un poste à ma mesure. Quand Jae Hyun m'a demandé d'intégrer le Seitokai, j'ai été surprise. Je me suis demandée si mon côté adoratrice invétérée commençait à lui peser, s'il essayait de se débarrasser de moi comme il le pouvait, sans trop me froisser... Mais il n'en était rien. A la fois membre du Seitokai et personnage discret des Akai, je suis une taupe. Les avantages que me procurent mon nouveau rang me font plaisir. Avoir un certain pouvoir peut s'avérer grisant, surtout quand cela permet d'éviter les embrouilles futile au coin d'un couloir. Les secrets que je découvre grâce à mes pouvoirs illimités et à la coopération sans faille de l'administration avec notre groupe de bras cassés sont sagement transmis au chef des rouges sans que personne de haut placé ou du Seitokai n'en sache rien. Comment l'administration fait-elle pour ne rien voir de mon cirque? Bonne question. Ils estiment sûrement qu'une élève avec des notes telles que les miennes ne peut pas suivre un petit délinquant prétendument stupide tel que Jae Hyun. Ils font erreur, la vie n'est pas qu'une question de notes, la vie est une question de rencontres.